Du latin « vulnus », « vulneris » (la blessure) et « vulnerare » (blesser), le vulnérable est, selon le dictionnaire Larousse, celui « qui peut être blessé, frappé », « qui peut être facilement atteint, qui se défend mal ». Le terme a pour synonymes « fragile » et « sensible ».

— La vulnérabilité, un état humain

Qu’on le veuille ou non, la vulnérabilité est là, elle existe en chacun de nous. Chaque collaborateur a des fragilités et des périodes de sa vie troublées par des soucis personnels. Accompagner en aidant un membre de son équipe à surmonter ses difficultés du moment, c’est lui montrer qu’on le considère comme un être à part entière, et pas seulement comme une force de travail. C’est faire acte de reconnaissance pour ce qu’il est, un humain.

À l’heure où le travail est devenu abstrait, transversal et subjectif, cette reconnaissance du travailleur en tant que personne est tout à fait centrale.

— La vulnérabilité en entreprise, un état bien trop peu valorisée en entreprise  

Contrairement à ce que l’on pourrait penser, ce n’est pas une question de curseur entre « pas assez humain » et « trop humain ». Le véritable enjeu réside dans la capacité du manager à s’affranchir d’une empathie « compassionnelle » pour adopter une empathie « accueillante » : une empathie qui pousse l’autre à devenir acteur de son destin, le renvoyant à sa responsabilité, plutôt qu’une empathie qui pousse à penser à la place de l’autre. C’est le pari de l’anglaise Catherine Powell, actuelle Présidente de Walt Disney Parks and Resorts Western Region. Elle prône l’imperfection en valorisant la vulnérabilité chez ses collaborateurs !

En parlant de la vulnérabilité, elle souligne dans une interview donnée au magazine Elle, à l’occasion de la journée de la femme, le 8 mars 2018 :

C’est selon moi une grande force. C’est la clé de la compréhension de soi et des autres. Il faut savoir dire « Je ne sais pas ». Même pour un manager.

Rares sont les patrons qui prennent la parole pour valoriser la vulnérabilité en entreprise. Il en faut du courage pour  faire son éloge. Dans la plupart des entreprises, le mot « vulnérabilité » n’appartient pas encore au vocabulaire du quotidien. Répertorier la vulnérabilité dans la liste des compétences serait-il la solution ? Et bien non, car la vulnérabilité est déjà présente, et chez tout le monde. C’est surtout la manière de traiter la question en tant qu’organisation qui va faire la différence. La suppression de toute vulnérabilité cause énormément de pression chez les collaborateurs et le culte de la perfection entrave l’idéalisme.

— Un autre regard sur la vulnérabilité 

Considérer la vulnérabilité d’un autre œil semble donc être un premier pas vers la bonne direction. Trop souvent, elle est perçue comme une faiblesse. Pourtant, elle n’en est pas une. La faiblesse est un statut, un diagnostic, une incapacité, une insuffisance, un manque, une défaillance. En revanche, la vulnérabilité implique un processus, un travail sur soi, et rien est définitif. La vulnérabilité fait appel à la relation et crée du lien.

Encourager un leadership où la vulnérabilité peut être un sujet de travail, d’échanges, de construction, représenterait un choix courageux dont les bienfaits immédiats seraient tangibles pour le leader lui-même mais aussi pour son équipe. Ce type d’approche rend justice à l’homme et est basé sur le respect.

La vulnérabilité permet l’imperfection, l’apprentissage et le développement des collaborateurs. Se sentir en sécurité et entendu dans un moment de doute, de questionnement, de remise en cause, par son manager leader qui a intégré la notion de vulnérabilité est plus confortable, donne la force de continuer, de mieux s’armer pour l’avenir et développe l’engagement. Tout le monde y gagne. L’Institut Gallup nous renseigne précisément sur la relation manager / collaborateur70% de la variation de l’engagement est imputable aux managers et 50% des salariés ont quitté leur travail pour se libérer de leur manager. 

Pouvoir travailler dans une équipe où de la vulnérabilité peut être montrée augmentera indubitablement les capacités d’apprentissage et de résilience des collaborateurs et, avec le temps, réduira les nombreuses affections psychologiques.

Nous vous invitions à lire ce très bel article « Soin de soi, souci de soi, bref éloge de la vulnérabilité », écrit par Bertrand Vergely, philosophe, publié au sein de La Revue des deux Mondes en 2016. Une vision philosophique qui nous rappelle que « ce qui est faiblesse masque en réalité une force ». 

Soyez vulnérables, soyez vous-mêmes, soyez heureux dans tous vos états ! 

Bonne lecture.