« L’erreur est humaine ». Nous l’avons appris, nous le savons, nous le répétons souvent dans nos conversations pour nous rassurer ou consoler quelqu’un face à un échec. Et nous l’apprenons à nos enfants. «Ce n’est pas si grave ma chérie, seuls ceux qui osent peuvent faire des erreurs».

— L’erreur est la manière humaine d’apprendre.

Sans erreur, sans échec, l’humain ne peut pas rencontrer le monde, se rencontrer, et se construire. Apprendre suppose prendre des risques, oser, faire preuve d’audace, tenter, essayer encore. Pour apprendre, il faut sortir de sa zone de confort, aller vers l’inconnu, faire ce pas de côté qui nous ouvrira de nouvelles portes, des champs inexplorés. 

« La crainte de l’échec et le statut si culpabilisant donné à l’erreur créent dans nos sociétés une peur si forte que la course à la performance, au « tout juste », à la perfectibilité, nous vide des vertus profondes de l’échec. » Audrey Platania- Maillot, Psychologue du développement.

— L’échec nous stoppe.

Il nous invite à prendre du recul et de la distance, à nous interroger, à réfléchir. « Échouer c’est se demander ce que nous pouvons devenir » nous enseigne le philosophe Charles Pépin. Accueillir l’échec, c’est voir sans fard, ne plus se mentir, refuser le déni. S’offrir véritablement la possibilité d’explorer le champs des possibles pour créer un projet, assouvir des envies, redéfinir les contours de notre vie, en faisant preuve de lucidité et de pragmatisme. 

— L’échec nous fait vibrer de joie.

L’échec nous pousse dans nos retranchements et révèle des ressources insoupçonnables. C’est dans la jubilation de la réussite que nos cerveaux se dopent du merveilleux cocktail d’hormones du bonheur si indispensable à notre motivation. Que serait la réussite sans échec ? La joie de réussir est d’autant plus grande que nous avons connu l’erreur et l’échec.

— L’échec nous offre l’opportunité de faire preuve de courage.

L’échec nous offre la joie mais aussi le courage de se relever, ne pas se laisser abattre par les épreuves de la vie, de recommencer, d’abandonner, de lâcher, de surmonter, de reprendre, d’avancer. 

— L’échec est également une superbe source de créativité.

C’est face à nos limites, nos impossibilités, nos blocages que nous pouvons rencontrer notre pouvoir d’adaptation, notre flexibilité, notre combativité, notre persévérance. 

— L’échec est aussi humilité.

En nous connectant à notre vulnérabilité et à notre sentiment de faiblesse, nous nourrissons notre part d’humanité, notre sensibilité, notre empathie, notre bienveillance qui n’est pas seulement un concept à la mode. 

— L’échec nous fait réfléchir à la notion de relativité. 

« La défaite comme le triomphe ne doit jamais nous définir, nous enfermer. Le succès comme l’échec reste conjoncturel et ne résume jamais tout ce que nous sommes au fond » explique Charles Pépin. 

L’échec est une porte ouverte vers un avenir plus grand et meilleur car plus à notre image. Et si nous remplacions la peur de l’échec par le plaisir de l’essai ? 


Témoignage d’Adrien Lefebvre, co-fondateur d’OREGA Paris

La finance. L’histoire était belle. Un poste à responsabilité dans un grand groupe, la promesse d’une belle carrière… Tout marchait plutôt bien, bref une vie professionnelle bien rodée. Jusqu’à l’arrivée d’un nouvel actionnaire, un des plus jeunes activistes opérant aux Etats-Unis, présenté comme un génie de la finance. La conclusion était sans appel : l’entreprise n’était pas assez rentable, il fallait réduire les coûts. Un plan de 500 millions d’euros d’économie. Me voilà impacté, du jour au lendemain, par un plan global de licenciement. Et ceci allait changer ma vie. Un échec professionnel déguisé en opportunité ?

La chute. Le changement est brutal. Les journées semblent durer une éternité. On tourne en rond. On ne sait plus comment s’occuper. Mécaniquement on postule à des postes similaires, dans la même industrie. Puis on élargit le champ, pensant pouvoir vendre sa capacité d’adaptation, de changement…mais pas facile lorsque l’on a passé toute sa carrière dans le même groupe. On perd confiance en soi, en ses capacités, en ses compétences. La chute est dure. Finalement, on se remotive. On essaie de penser à de nouvelles opportunités. Ainsi, de manière instinctive, je franchis le pas et je postule à l’exécutive MBA HEC Paris. Sans savoir que cette décision allait changer le cours ma vie professionnelle, de ma vie tout simplement.

La prise de conscience. Apprendre à oser devenait mon fil conducteur. Les cours, les rencontres et surtout les échanges avec les autres élèves étaient sources d’inspiration et de motivation. Et puis, il y a eu ce voyage en Afrique, puis en Inde, à la rencontre des entrepreneurs sociaux. Découvrir, écouter, apprendre de ceux qui essaient de faire changer le monde par l’entreprise en créant de nouveaux modèles économiques inclusifs, et partageant la valeur créée tout au long de la chaîne. Ce sont eux, les vrais moteurs du changement.

Faire. A mon retour, une seule idée occupait mon esprit : comment agir de mon côté ?  Comment essayer de faire changer les choses par la création d’une entreprise ? M’impliquer dans un projet qui avait du sens était devenu ma seule préoccupation. Avec Sébastien et Florian, également en phase d’introspection, et partageant cette envie commune de vouloir donner du sens à leurs actions, nous décidons de faire.

Entreprendre ! L’envie d’entreprendre fît le reste. L’idée était là. Créer une nouvelle marque porteuse de sens. Soutenir l’éducation a été comme une évidence, l’apprentissage étant un vecteur majeur de lutte contre les inégalités. La maroquinerie au service de l’éducation ! Des sacs à main pour des cartables avec la création d’une nouvelle marque de haute maroquinerie solidaire. Tout est allé très vite. OREGA était née.

Vidéo : interview pour l’émission Ondes Positives par  Hapsatou Sy